Il y quatre ans de cela, je me rendais pour la toute première fois au Maroc, afin de présenter un de mes spectacles au festival international de théâtre à Oujda. A cette occasion, j’ai sollicité l’organisateur, monsieur Mohamed Benjeddi, pour qu’il me mette en contact avec une population défavorisée auprès de laquelle je pourrais dispenser gratuitement des cours de théâtre. C’est ainsi que j’ai pu être introduite à l’orphelinat de Jerada, ancienne ville minière, qui s’étend sur des kilomètres dans les montagnes et qui connaît des vagues de froid sibérien en hiver et devient une véritable fournaise en été.
Sa date de naissance remonte à 1927, pendant le protectorat français au Maroc. La population est faite de migrants de différentes régions du Maroc, fortement attachés à leur terre d’origine. Progressivement, il s’est créé une population stable, unie par un même mode de vie et dont l’appartenance véritable devient le milieu ouvrier du centre minier. La mine a dû fermer ses portes, car le coût d’extraction devenait de plus en plus insoutenable face au cours international. Aujourd’hui la population de Jerada vit dans une grande pauvreté, faute de travail. Pour survivre des femmes, des hommes et des enfants travaillent à l’extraction du charbon pour 10 euros par jour, dans des conditions extrêmement risquées pour leur vie.
Reportage : « Les gueules noires de Jerada » France 24 (cliquez sur le lien pour voir le sujet)
Je suis retournée régulièrement à l’orphelinat avec des artistes pour y animer des spectacles pour enfants. La situation s’est dégradée avec une augmentation de la fréquentation d’enfants orphelins (158 actuellement), des difficultés financières avec le désengagement des organisations humanitaires et un bâtiment qui se dégrade.
La présence de nombreuses familles défavorisées composées de veuves et d’orphelins, enfants d’ouvriers de la mine de Jerada au Maroc a été à l’origine de la création du centre, alors maison d’accueil pour enfants démunis, en partenariat avec les Charbonnages du Maroc et l’ONG internationale « Terre des hommes ». La survie de cet établissement a été menacée avec le désengagement des Charbonnages du Maroc imposé par la fermeture des mines en 2001. Une association locale s’est constituée en octobre 2002 pour assurer la pérennisation du projet : Association « Enfance et solidarité ».
« Enfance et solidarité » s’est donné pour mission, d’intervenir en faveur des familles démunies de Jerada. Deux espaces constituent son champ d’action :
- Espace enfants avec 158 enfants orphelins et démunis de 2 à 14 ans
- Espace femmes avec le suivi de 70 mères veuves et célibataires défavorisées, âgées de 18 à 45 ans (ce dernier est actuellement fermé et remplacé par une association chargée de l’attribution d’un logement et la distribution de nourriture en échange de quoi les mamans doivent accepter de sortir de leur situation marginale (prostitution, alcoolisme, mendicité, …; peu d’entre elles ont cette volonté et cette énergie).
Les objectifs du centre sont : l’accueil et la protection des enfants orphelins et démunis, la lutte contre la pauvreté, la malnutrition, la mendicité des enfants, la participation à la scolarité et la lutte contre l’abandon scolaire des enfants déscolarisés.
L’équipe de l’orphelinat tente d’assurer aux 158 enfants bénéficiaires, une structure d’accueil favorable à leur développement physique et psychologique (nourriture, santé, affection, suivi de la croissance, activités d’éveil,…), une pré-scolarité pour les plus jeunes, des séances de soutien scolaire pour les enfants scolarisés, des activités éducatives et récréatives.
Un enfant est pris en charge de un à treize an ; au-delà, ils sont livrés à eux-mêmes, voués à la mendicité ou au vol.
Quatre-vingt sont orphelins de pères ou de mères, cinquante-deux sont abandonnés, vingt-six sont de familles démunies.

Les classes sont relativement en bon état, si ce n’est des fenêtres brisées et un chauffage à bois hors d’usage. L’enseignement dispensé par des éducatrices est de qualité ; nous avons pu le constater sur place. Les enfants apprennent les bases ; le calcul, la lecture, l’écriture en arabe et en français. Chaque nouvelle rentrée est un casse-tête pour trouver livres de soutien scolaire, cahiers, crayons, stylo. Les livres de contes sont usés jusqu’à l’os… Les enfants de plus de 13 ans ne seront plus pris en charge à la rentrée prochaine, faute de financement et de place ; ils sont voués à la mendicité, au vol et à la vente de petites choses sur les marchés (paquet de mouchoirs en papier à l’unité, sac en plastique). La plupart des fillettes feront office de bonnes contre nourriture.


Le personnel se compose de la Directrice, quatre éducatrices, deux cuisinières, deux femmes de service qui s’occupent de la propreté des enfants et du ménage, un chauffeur, son accompagnatrice et un gardien de nuit ; ils sont tous rémunérés par l’association. De temps en temps des personnes bénévoles donnent un coup de main. Chacune de ces personnes est très investie et porte la vie du centre à bout de bras. Le centre est subventionné par l’Etat, le Conseil régional d’Oujda, la Province et la commune de Jerada et touche un peu d’entraide nationale.
Le centre dispose d’un minibus (don de la Belgique) pour transporter les quinze enfants qui viennent de l’extérieur de Jerada.
Le réfectoire où les enfants viennent à tour de rôle, à la distribution du goûter (un verre de thé à la menthe et un biscuit) et des repas (repas équilibré avec de la viande une fois par semaine). Il est chauffé avec un poêle à bois très corrodé, qui laisse échapper de la fumée quand il est en route. Le froid les oblige à rester couverts en hiver à l’intérieur.
Les enfants bénéficient parfois de venues de compagnies étrangères comme la nôtre, pour leur apporter un peu de divertissement. Ils participent également, dans la mesure du possible, aux évènements proposés par la ville. Ils sont très disciplinés et très à l’écoute de leurs éducatrices. Très peu parlent le français, car ils ont du mal à s’investir dans leurs études.
La cuisine : cette pièce est totalement insalubre avec des peintures au plafond qui s’écaillent, un tripatte au gaz pour cuisiner (forte odeur de gaz quand nous sommes entrés) et pas de réfrigérateur. Le gouvernement a fait acheter des ustensiles en inox pour remplacer ceux en aluminium.
Les dortoirs se composent de matelas posé au sol sur des nattes en jonc. Les housses ont été refaites par le personnel sur place avec du tissu récupéré. L’endroit est propre malgré l’insalubrité du lieu ; peinture qui s’écaille au plafond, fenêtres non isolées, chauffage hors d’usage, …
Les sanitaires ont été refait à neuf il y a 5 ans. Un mécène américain a fait installer des panneaux solaires pour l’électricité et l’eau chaude mais ils ne fonctionnent pas, par manque d’entretien.
Les extérieurs sont très abimés et vétustes. La cour de récréation a disparu au profit d’une structure en acier et en toile pour accueillir des mariages ; le centre cherche à rentabiliser pour survivre.
Dans l’immense structure en acier et en toile qui a pris tout l’espace servant à la récréation, sont entreposés les anciens lits des dortoirs désormais hors d’usage, les plats de la cuisine en aluminium qui ont été remplacé par des éléments en inox et autres objets voués à la vente.
Un programme a été mis en place pour ses mères veuves et célibataires afin de leur apprendre la couture, à fabriquer du pain et des gâteaux, … mais il a été arrêté faute d’investissement de ses femmes qui se sont tournées vers d’autres associations. Le centre a remplacé celui-ci en proposant l’attribution d’un logement et la distribution de nourriture, en échange de quoi elles doivent accepter de sortir de leur situation marginale (prostitution, alcoolisme, mendicité, …) ; peu d’entre elles ont cette volonté et cette énergie.
Epilogue
Vous l’aurez tous constaté, ce reportage porte sur l’état des lieux d’un orphelinat, basé sur des faits ; un contexte économique précaire, lié à une activité minière qui a disparu et qui nourrissait toute une ville, des veuves qui ont perdu leur mari à cause de la silicose ou d’un accident dans les mines et qui se prostituent pour dix dirhams (un euro) la passe, des enfants orphelins pris en charge jusqu’à l’âge de treize ans, dont les plus âgés se retrouveront à la rue pour mendier, voler ou vendre des sacs en plastique sur les marchés. Aujourd’hui, l’orphelinat lance un appel à l’aide, car faute de fonds suffisants, il risque de fermer ses portes.
Si vous souhaitez faire un don, contacter la directrice du centre, madame Dani Habiba au +212 689 452 205
Merci !
trop triste les pauvres enfants vivent dans un orphelinat insalubre
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😦
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…
Tenez nous au courant.
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Oui bien entendu 🙂 Merci pour votre attention
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Ça me crève le coeur de voir tant d’orphelins dans des lieux si insalubres et qui les serre dans ses bras quand ils ont peur? ou froid? Elles sont si peu pour s’occuper de tant d’enfants. Et si à 13 ans on ne les prend plus?????????????
Il faut répartir la richesse, c’est urgent urgent urgent.
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Bonjour
Le nom d une association orpholenat sur place sérieuse afin de faire un don. Merci
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Bonjour, merci de contacter mustapha.djebbar@gmail.com
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